S’inspirer de la rue : décryptage de la tendance
Déjà observé à plusieurs reprises, le monde de la mode tend de plus en plus à s’inspirer de la rue, ce qu’on appelle le streetwear. Mais qui aurait pensé que la tendance irait jusqu’à prendre exemple sur la sobriété contradictoire et dépareillée des vêtements des SDF ? Nous en avions parlé dans une précédente réflexion sur le détachement des normes conventionnelles en matière de mode, et il semble que ce détachement atteigne aujourd’hui ses sommets.
Témoignages : des SDF devenus icônes de mode
Joseph, sans-abri à New York, est devenu une icône de la mode du jour au lendemain. Pour lui, la fontaine temporaire de vêtements est son garde-robe. Dans sa superposition de chandails en laine, de pantalons déchirés et de chaussures usées, il a créé un style qui a captivé les designers du monde entier. Et Joseph n’est pas un cas isolé.
Les marques de mode face à cette nouvelle égérie inattendue.
Des marques comme Balenciaga et Gucci ont intégré des pièces inspirées du vestiaire des SDF dans leurs dernières collections. Une veste Balenciaga évoquant un emballage en carton, un sac Gucci rappelant les sacs pour déchets, l’essence de la rue est retranscrite dans ces articles de luxe. D’autres créateurs, comme Christopher Bailey de Burberry, ont également adopté cette tendance pour leurs collections.
Bien que controversée et critiquée pour l’utilisation d’une situation précaire comme source d’inspiration, cette pratique est révélatrice d’une évolution de la réflexion autour de la mode. Et c’est là que nous, en tant que journalistes, devons avertir nos lecteurs. Derrière le grain de folie apparent, la mode a toujours été un reflet de la société, et le fait qu’elle s’inspire maintenant de la rue de cette manière est un appel à une prise de conscience sur les problèmes de sans-abrisme.
Au final, que ce soit un phénomène éphémère ou une tendance durable, ce courant a le mérite de montrer une autre facette de la mode, plus brute, plus vraie, peut-être. Il apparaît alors comme évident que la frontière entre la mode et le social est poreuse et que les tendances peuvent venir de partout, y compris des situations les moins conventionnelles.